On frappe... on frappe... - Paul Claudel
Qui a frappé ? Il n'y a pas à s'y tromper, c'est celui qui vient comme un voleur au milieu de la nuit, celui dont il est écrit : " voici que l'époux vient, sortez à sa rencontre ! "
Et nous écoutons, palpitants. Peut-être ne frappera-t-on qu'une fois. Peut-être se battra-t-il contre la porte toute la nuit, comme parfois jusqu'au matin nous entendons ce volet exaspérant
qui ne cesse d'arloquer et de battre.
Mais c'est un tel ennui de se lever et de déclore cette vieille porte !
Elle est assujettie de deux verrous, qui ne font qu'un de ce qui est mobile et de ce qui est inerte : l'un s'appelle mauvaise habitude et l'autre mauvaise volonté. Quant à la serrure, c'est notre secret personnel. La clé est perdue. Il faudrait de l'huile pour la faire marcher.
Et ensuite, qu'est-ce qui arriverait si on ouvrait la porte ?
La nuit, le grand vent primitif qui souffle sur les eaux, quelqu'un qu'on ne voit pas mais qui ne nous permettrait plus d'être confortablement chez nous.
Esprit de Dieu, n'entrez pas, je crains les courants d'air !
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