Texte : L'estropié du corps - Jean-Yves Ducourneau

Roue d'un fauteuil de sportif
- Photo "Roue de fauteil" de MPhotographe -

Quand je me regarde, je ne me vois plus
Mon corps n'est qu'un lambeau perdu
Mes chairs ouvertes ne sont que sang versé
Et tous mes os meurtris sont décharnés
Je rêve d'un autre et je ne suis que moi
Voguant de cris stridents en pauvre désarroi
Hurlant douleur épaisse et folle dépression
Quêtant le vide abstrait qui fait ma déraison.
Je ne suis rien qu'une larmoyante plainte
Noyant de sa folie ses larmes dans la crainte
De n'être plus jamais sur cette terre un homme
De n'être plus aimé, et désiré, en somme.

Toi qui du Ciel lointain sur moi te penches
Soutiens mes pas qui, sans toi, vacillent et flanchent
Empêche-moi de gémir et puis de tomber là
Dans le violent grand saut de mon triste trépas
Fais que je puisse encore sourire et vivre
Que j'écrive encore sur mon chemin "à suivre"
Avec comme plume une roue dans chaque main
Et mon fauteuil d'humilié pour tout nouveau refrain.
Assis je serai puisque debout je ne serai plus
Et puisque mon élan de gazelle a hélas disparu
Qu'en Toi, je marche dans la tête en tout spirituel
Et que s'approche de mon corps blessé, le Ciel.

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