Transmission - François-Xavier Bellamy
Des philosophies ont produit un phénomène inouï,
inédit dans l'histoire humaine :
deux ou trois générations se sont interdit
de transmettre leur culture aux suivantes,
marquées par cette idée profondément fausse
selon laquelle nos enfants seraient plus libres,
plus heureux, plus eux-mêmes,
si nous évitions de les "polluer"
par ce que nous-mêmes avons vécu.
Je ne crois pas que les parents
aient soudainement démissionné :
simplement, ils se sont sentis coupables.
Prenez l'exemple de la foi :
d'un seul coup, on a expliqué aux parents
que transmettre ce en quoi ils croyaient,
c'était aliéner la liberté de leur enfant.
Dans l'Eglise aussi, cet effondrement intérieur
a fait, en quelques génération, tant de déshérités.
Mais un enfant est-il plus libre quand il n'a rien reçu ?
Bien au contraire : en étant privé de culture,
il est privé de lui-même,
des moyens de former une pensée vraiment personnelle.
La crise (ainsi) engendrée révèle ce mystère
au cœur de la nature humaine,
qui est celui de la médiation :
pour être nous-mêmes,
nous avons besoin de la rencontre avec l'autre ;
nous avons besoin que nous soient transmis
une langue, un patrimoine culturel, un héritage,
dans lesquels nous trouvons notre propre liberté,
notre propre singularité.
... En transmettant un savoir,
l'enseignant transmet simplement
de quoi devenir vraiment humain.
A l'inverse, quand la culture n'est plus transmise,
il ne reste en l'homme que la barbarie.
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