Texte : Changement de société ? - Pape François
Notre humanité vit en ce moment un tournant de son histoire,
par les progrès enregistrés en divers domaines.
Il faut faire l’éloge des acquis positifs qui contribuent au bien-être authentique de l’humanité.
Toutefois, la plupart des hommes et des femmes de notre
temps
continuent de vivre dans une précarité quotidienne aux
conséquences funestes :
la peur et la désespérance saisissent les cœurs de
nombreuses personnes
même dans les pays dits riches ;
la joie de vivre s’amenuise ; l’indécence et la violence
prennent de l’ampleur ;
et la pauvreté devient plus criante.
Il faut lutter pour vivre, et pour vivre souvent
indignement.
L’une des causes de la crise financière se trouve dans le rapport que nous entretenons avec l’argent,
et dans notre acceptation de son empire sur nos êtres et nos
sociétés.
L’origine première de cette situation vient d’une profonde crise anthropologique :
la négation de la primauté de l’homme !
On s’est créé des idoles nouvelles au visage nouveau et
impitoyable :
le fétichisme de l’argent, et la dictature de l’économie
sans visage ni but vraiment humain.
La crise mondiale réduit l’homme à une seule de ses
nécessités : la consommation.
Et pire encore, l’être humain est considéré aujourd'hui
comme étant lui-même un bien de consommation qu’on peut
utiliser, puis jeter.
Cette dérive se situe au niveau de l’individu et de la
société.
Et elle est promue !
La solidarité qui est le trésor du pauvre, est souvent considérée comme contre-productive,
comme contraire à la rationalité financière et économique.
Avec l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation
financière,
niant ainsi le droit de contrôle aux États chargés pourtant de pourvoir au bien-commun,
le revenu d’une minorité s’accroît de manière exponentielle,
et celui de la majorité s’affaiblit.
Ses lois et ses règles installe alors une nouvelle tyrannie
invisible et virtuelle,
qui s’impose unilatéralement, et sans recours possible.
En outre, l’endettement et le crédit éloignent les pays de
leur économie réelle,
et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel.
A cela s’ajoute, si besoin en est, une corruption
tentaculaire
et une évasion fiscale égoïste qui ont pris des dimensions
mondiales.
La volonté de puissance et de possession est devenue sans
limite.
Derrière cette attitude se cache le refus de l’éthique, le
refus de Dieu.
Tout comme la solidarité, l’éthique dérange !
Elle est considérée comme contre-productive ; comme trop
humaine,
car elle relativise l’argent et le pouvoir ;
On la voit comme une menace,
car elle refuse la manipulation et l’assujettissement de la
personne. …
L’éthique - une éthique non idéologique naturellement –
permet de créer un
équilibre et un ordre social plus humains.
En ce sens, j’encourage les maîtres financiers et les
gouvernants de vos pays,
à considérer les paroles de saint Jean Chrysostome :
"Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens,
c’est les voler et
leur enlever la vie.
Ce ne sont pas nos
biens que nous détenons, mais les leurs".
L’argent doit servir et non pas gouverner !
Le Pape aime tout le monde : les riches comme les pauvres.
Mais il a le devoir de rappeler au riche qu’il doit aider le
pauvre, le respecter, le promouvoir.
Il appelle à la solidarité désintéressée et à un retour de l’éthique pour l’humain
dans la réalité
financière et économique.
Le bien commun ne devrait pas être un simple ajout,
un simple schéma conceptuel de qualité inférieure inséré
dans les programmes politiques,
mais créer une nouvelle mentalité politique et économique
qui contribuera à transformer l’absolue dichotomie
entre les
sphères économique et sociale en une sa,ine cohabitation. …
- Extraits du discours aux ambassadeurs du 16 mai 2013 -
Commentaires
« Quand le dernier arbre sera coupé
La dernière rivière empoisonnée
Et le dernier poisson mort
Alors l'homme découvrira
Que l'on ne se nourrit pas d'argent... »
Le chef Sioux SEATTLE - 1854
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