Texte : Clan ou Equipe ? - Jean Rodhain
Sept ou huit personnes se dévouent au travail.
Leur zèle est brûlant, ils ne compte ni le temps, ni la peine.
Ils travaillent sans compter,
mais n'admettent personne d'autre au chantier, que les élus choisis :
c'est un clan.
S'ils embauchent largement, même l'ouvrier de la onzième heure,
s'ils recherchent des idées partout,
accueillent des collaborations plus jeunes,
associent sans compter le timide et l'hésitant :
c'est une équipe.
Ils gardent jalousement leurs documents,
leurs secrets, leurs recettes.
Un rien les froisse.
Un nouveau ou une nouveauté les font se barricader.
Ils sourient entre eux et ironisent
sur le compte de tous ceux qui n'ont
pas le gabarit de leur cervelle ou de leur myopie :
ce n'est qu'un clan.
Ils vont de l'avant.
Ils sont assez souples pour faire table rase
de leurs méthodes et de leurs expériences
devant une situation nouvelle :
c'est une équipe.
Ils ont peur de partager un dossier, une idée, une initiative.
Leur équipe, leur service, leur méthode
sont un piédestal jalousement défendu.
Ce n'est plus une équipe.
C'est un champ clos. C'est clôturé.
C'est un huit clos. C'est un enfer.
Ils ont beau s'entendre entre eux, c'est un clan fermé.
C'est le contraire d'une équipe
parce que c'est exactement en dehors de la charité.
Sur le plan international ou sur le plan d'un bureau local,
vous trouverez ces deux mentalités.
Elles ont un point commun : le dévouement.
Ce qui ne veut rien dire, car s'ils ne se dévouaient pas,
ces gens-là s'ennuieraient ou orienteraient leur dévouement instinctif
vers les vieux chiens ou les chats abandonnés.
Le vrai mérite commence lorsqu'on renonce à soi, à son triomphe,
à ses prétentions, à se chercher soi-même.
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